Chez l’enfant, la migraine a une prévalence de 2.7 à 10.6% (1). Elle est prédominante chez les filles après l’âge de 11 ans. Mais avant cet âge, il n’y a pas de différence significative d’apparition de crise de migraine entre les garçons et les filles. Un pic d’incidence est retrouvé chez les garçons entre 10 et 11 ans (migraine sans aura). Alors que chez les filles, il est situé entre 14 et 17 ans (migraine abdominale).

Diagnostic de la migraine chez l’enfant 

Les critères de diagnostic de la migraine chez l’enfant sont proposés par l’International Headache Society (IHS). Malheureusement, ces critères manquent de sensibilité. Or, la migraine est un vrai handicap dans le quotidien d’un enfant. Elle est la cause d’une réduction des activités extrascolaires, sportives et familiales. 

Ces maux du quotidien ne sont parfois pas pris au sérieux dans la bouche d’un enfant. Il pourrait paraître capricieux, geignard ou on dira de lui qu’il est “juste fatigué”. Ces maux sont pourtant à prendre au sérieux pour l’apprentissage de l’enfant.

Il est important de prendre en compte les antécédents familiaux pour déceler au plus tôt un cas de migraine chez l’enfant (concerne 84.4% des cas).

Migraine chez l’enfant VS migraine chez l’adulte

L’enfant et l’adulte ne vont pas manifester les mêmes caractéristiques cliniques de la migraine. Quelques différences peuvent exister, notamment en ce qui concerne la durée des crises de migraine. En effet, chez l’enfant de moins de 15 ans, elle est estimée entre 2 et 48 heures, contre 4 à 72 heures chez l’adulte. La localisation de la migraine est, dans la plupart des cas, bilatérale chez l’enfant et unilatérale chez l’adulte. Chez l’enfant, elle porte un caractère souvent non pulsatile, induit une pâleur et est fréquemment accompagnée de troubles digestifs (vomissements).

Comment réagir lors de céphalées récurrentes chez l’enfant

Pour mettre en place, au plus tôt, une prise en charge adaptée à la migraine chez l’enfant, il est recommandé d’utiliser le diagnostic de “migraine sans aura probable” suivant : 

  1. Au moins 5 crises répondant aux critères B, C, D.
  2. Durée de la céphalée allant de 2 à 72 heures.
  3. La céphalée a au moins 2 des caractéristiques suivantes :
    • localisation bilatérale (frontale ou temporale) ou unilatérale ;
    • caractère pulsatile ;
    • intensité modérée à sévère ;
    • aggravation par l’effort physique.
  4. Au cours de la céphalée, survenue d’au moins un des symptômes suivants : 
    • nausées ou vomissements ;
    • photophobie et phonophobie.
  5. Ne peut pas être expliqué par un autre diagnostic ICHD-3β.

Ensuite, les examens complémentaires seront les mêmes que ceux préconisés pour l’adulte. Cependant, le diagnostic étiologique des céphalées chez l’enfant est plus complexe. Les indications de la neuro-imagerie doivent donc être élargies.

Il peut être utile de tenir un carnet hebdomadaire des crises de migraine afin d’aider à l’identification des facteurs déclencheurs (fréquence, intensité, signes digestifs associés, retentissement sur la vie quotidienne comme l’absentéisme scolaire). Ce carnet permettra également au médecin d’évaluer l’efficacité des traitements mis en place. 

La prise en charge thérapeutique

Il est important de se tourner vers un professionnel de la nutrition pour bénéficier de conseils hygiénodiététiques. En effet, l’hygiène alimentaire joue un rôle fondamental dans l’apparition des crises de migraine

Veillez également à ce que votre enfant bénéficie d’un sommeil de qualité. Installez des heures de coucher et de réveil, y compris le week-end. Instaurez un climat calme et apaisant au moins 1h avant le coucher. Limitez au maximum les écrans le soir.

De nombreux traitements médicamenteux existent dans la prise en charge de la migraine. Cependant, chez l’enfant, il est préférable de les limiter au maximum afin de prévenir toute dépendance ou accoutumance. Privilégiez les méthodes naturelles, la relaxation, le rétrocontrôle (biofeedback) et les thérapies cognitives et comportementales de gestion du stress. Cela évitera la prise abusive de bêtabloquants.

Référence bibliographique :

(1). Anne Donnet, Gilles Géraud. 2015. Céphalés de l’enfant. Les Céphalés en 30 leçons. Elsevier Masson. 467-472.